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Le tableau est plus sombre que prévu : les directeurs des centres hospitaliers universitaires (CHU) ont tiré le signal d’alarme, jeudi 21 novembre, dans un communiqué, en plein examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, sur la « double crise » qui guette leurs établissements, pièces maîtresses de l’offre de soins. Première crise, déjà étayée : le déficit des CHU, qui s’ajoute à celui de la « Sécu », a doublé chaque année depuis 2021, pour atteindre 1,1 milliard d’euros en 2024, selon leurs dernières estimations. Seconde crise, qui se fait jour : dix-huit CHU, sur les trente-deux qui quadrillent le territoire, se sont retrouvés en « insuffisance nette de financement », à la fin de 2023.
« On ne pensait pas que la dégradation atteindrait ce point-là », rapporte Philippe El Saïr, à la tête de la conférence des directeurs généraux de CHU. Pour illustrer la difficulté, le directeur du CHU de Nantes use de l’image du propriétaire d’une maison contraint de réemprunter pour continuer de rembourser son prêt. « Très concrètement, ces hôpitaux ne sont plus en capacité de financer le remboursement du capital de leur dette, ils doivent en urgence réemprunter pour cela », décrit-il. Pour seize établissements, la « durée apparente » de la dette atteint une moyenne de 14,9 années, largement au-dessus du ratio réglementaire de dix ans.
Au-delà de la capacité d’investissement de ces CHU, de facto remise en cause, des problèmes de trésorerie s’annoncent à très court terme. « Le Ségur investissement [19 milliards d’euros promis par l’Etat, lors du Ségur de la santé, au sortir de la crise due au Covid-19, pour les grands projets d’infrastructures] risque de s’arrêter pour certains hôpitaux qui ne pourront apporter leur part, nécessaire, pour financer ces projets. » Concernant la trésorerie, les CHU sont déjà face à des choix, qu’il s’agisse, pour certains, de repousser le délai de paiement des fournisseurs, ou pour d’autres, d’arrêter de payer les charges sociales.
Les augmentations des tarifs hospitaliers, décidées par le gouvernement de Gabriel Attal pour 2024, et saluées par l’hôpital public, n’ont pas suffi à changer la donne. Entre une activité qui a baissé, au sortir de la crise sanitaire (et qui n’a pas retrouvé, en 2023, ses niveaux d’avant l’épidémie), et des revalorisations salariales qui n’ont pas été totalement compensées dans les budgets, sans oublier la forte inflation des dernières années, les CHU ne s’y retrouvent pas.
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